Essais
LE DÉFI DE LA FOLIE
À l’heure où l’activité des soignants en psychiatrie est toujours davantage soumise à des considérations gestionnaires, la lecture des textes de Tony Lainé apparaît salutaire. Psychiatre et psychanalyste longtemps proche du Parti communiste français, Tony Lainé (1930-1992) s’est employé sans relâche à défendre la nécessité d’un service public de santé mentale attentif non seulement aux souffrances psychiques des patients, mais aussi à leur condition socio-économique.PARTIR ET RACONTER
Aucun livre n’avait encore décrit avec autant de précision, sans jamais l’idéaliser ni la stigmatiser, la société nomade que forment les voyageurs sans visa qui souhaitent rejoindre l’Europe. Ce récit relate le périple de trois années effectué par Mahmoud Traoré entre Dakar (Sénégal) et l’enclave espagnole de Ceuta, où il participa à l’assaut collectif de la « barrière de sécurité », le 29 septembre 2005, et réussit à la franchir après plusieurs tentatives avortées.VERS UN ROMANTISME RÉVOLUTIONNAIRE
Publié la première fois en 1957, ce texte est résolument tourné vers l’avenir. Dénonçant le stalinisme et le communisme d’alors, il poursuit au-delà la chance nouvelle d’une liberté révolutionnaire de l’homme « en proie au possible ». Ouvrir l’horizon politique à un nouveau possible fors des erreurs passées permet ainsi d’« affirmer la beauté et la grandeur intrinsèque de la vie moderne, en tant qu’instables, problématiques et déchirées entre le passé et l’avenir ».L’ALTÉRATION DU MONDE
De la philosophie, oui, et de la plus pure. Et pourtant : il y a dans ce livre une vitesse, une puissance d’affirmation, une brutalité presque, aussi peu professorales que possible. Il y a beau y être question de Heidegger, Merleau-Ponty, Levinas, etc., c’est de Bataille, dont il y est davantage question encore, que ce livre tire ces qualités rares, et fort prometteuses. Un Bataille comme il n’a pas encore été lu ou pas assez et pas assez radicalement – pas assez radicalement en philosophe, le philosophe qu’il fut, le fût-il sur un mode « extravagant ». Croyait-on connaître cette œuvre, on la découvre encore.LES ARCHIVES FANTÔMES
Le geste performatif de déplacement qui fait de l’objet une archive contient implicitement tout autant qu’il révèle la mise en scène politique du grand partage des cultures, des espaces et des temps, de la mémoire et de l’histoire. Il faudra, montre ici Serge Margel, lire, déchiffrer, décrypter, dans ce déplacement de l’objet, l’instituant d’un lieu à l’autre, d’un temps à d’autres temps, l’histoire d’une domination, voire d’une barbarie, la construction d’un discours dominant, la légitimation d’une souveraineté.LA SOCIÉTÉ DU SPECTRAL
Entre la société du spectacle de Guy Debord et la société de contrôle de Michel Foucault, la « société du spectral » est celle où les corps sont contrôlés par des spectres, c’est-à-dire par tous les dispositifs technoculturels qui influencent, manipulent ou transforment les affects, les désirs, les attentions les plus imperceptibles. Le corps de star – incarnation du glamour –, la marionnette et le sex machine sont les expressions exemplaires de cette société fantomale, que peuplent des corps-machines soumis au règne de cette domination d’un genre nouveau.FAITES LES FÊTES
« Les fêtes appartiennent à ceux qui les font ». Dans ce récit, qui est aussi une méditation sur le devenir et la nécessité des « fêtes », en ces temps de crise, Francis Marmande fait référence aux « fêtes » de sa ville d’origine, Bayonne, dont 2012 marquera le 80e anniversaire.
« Les fêtes de Bayonne m’ont maintenu en vie. J’y vais toujours. Je réduis les nuits, les consommations, les drôleries, mais j’y vais. Les fêtes vous font aussi. Vous ne faites que ce qu’elles vous laissent faire selon votre ardeur à vous. »
LE PUR BONHEUR, GEORGES BATAILLE
Un mois avant sa mort (1980), Sartre a fait cette étrange remarque : « Au cours du travail insurrectionnel se produit un déplacement : on l’a vu clairement en 1968, ce n’est plus la sortie, la naissance qui constitue le sens de l’événement, mais la déchirure dans le sens à la fois social et érotique que lui a donné Georges Bataille. »SUR LE SENS ET L’USAGE DU MOT « GAUCHE »
La campagne pour l’élection présidentielle est le théâtre de nombreux conflits de propriété lexicale-politique, en particulier à gauche. Ce livre (1955) projette loin devant lui des définitions non seulement utiles, mais peu sujettes à contestation – le ton en est à tout instant sans concession.LE COMMUNISME
L’une des œuvres maîtresses de la critique communiste, écrite au sortir du parti par celui qui, associé à Blanchot, Antelme et Duras, mènera de 1955 à 1970 les actions intellectuelles-politiques les plus marquantes (le « Manifeste des 121 », entre autres). Publié en 1953 chez Gallimard, « Le Communisme » n’a jamais été réimprimé, et est introuvable depuis.ANDRÉ TOSEL, PENSEUR DE L’ÉMANCIPATION
Arno Münster rend ici hommage à l’œuvre d’André Tosel, dont on s’étonne qu’elle n’ait pas davantage été connue. Il la critique aussi bien, en toute amitié, depuis les points de vue qui lui sont propres, poursuivant en somme ce qui a lié essentiellement leurs deux pensées et les a parfois opposés, des années durant.POUR UN SOCIALISME VERT
L’écologie politique peut-elle faire l’économie d’une remise en question fondamentale des principes de la société capitaliste ? Dans cet essai qui retrace l’histoire et les principales lignes de fracture de l’écologie politique depuis sa création, Arno Münster répond par la négative, et appelle de ses vœux l’avènement d’un véritable « socialisme vert », qui saurait articuler efficacement les préoccupations sociales et environnementales.ANDRÉ GORZ ou Le socialisme difficile
Mort le 22 septembre 2007, le philosophe André Gorz a laissé une œuvre critique d’une grande clairvoyance. Dans le présent texte d’hommage, Arno Munster nous invite à explorer l’itinéraire de pensée et de vie de celui que l’on considère, à raison, comme le principal fondateur de l’écologie politique.HOMOPARENTALITÉ HORS-LA-LOI
Stéphane Nadaud, philosophe et pédopsychiatre, poursuit dans ce court essai la réflexion entamée dans son précédent livre : Homoparentalité, une chance pour la famille (Fayard, 2002). L’homoparentalité est ici le prétexte à une réflexion plus générale sur l’ordre symbolique, qui est aussi une remise en cause des « gardiens » de celui-ci.