Essais
CAPITALISME ET DJIHADISME
« Dieu d’un côté, de l’autre l’argent : dans un cas comme dans l’autre le salut. Le capitalisme est en reste cependant, et qui le sait ; qui sait qu’il n’a jamais à promettre que d’épisodiques et petits saluts, quand le djihadisme n’en promet qu’un, mais entier, et éternel. Le bénéfice du capitalisme, en revanche : il sait faire valoir ses saluts immédiats, fussent-ils épisodiques et petits ; le préjudice du djihadisme : il peine à faire valoir le sien, qui n’est pas moins lointain qu’éternel – de là, la précipitation dans l’exaucement par le martyre. »COLLAPSUS
Comment, en 1941, l’administration, la police et les transports ont-ils pu si volontiers organiser les rafles et participer à la déportation des juifs de France ? Comment, aujourd’hui, se convaincre que les autorités « légitimes » de l’État, dans des conditions comparables, se comporteraient différemment ?CONTRE ONFRAY
Comment comprendre et penser la dérive rapide et très droitière d’un certain nombre de penseurs se réclamant hier encore de la gauche ? Celle d’Onfray, dans le cas présent ? Comme un opportunisme ? Comme l’effet d’un ressentiment ? Ou comme celui de la confusion d’une œuvre enfin rendue clairement apparente ? Alain Jugnon, qui connaît bien celle de Michel Onfray, répond ici dans cet essai polémique virulent et drôle.COURTS ÉCRITS SUR L’ART
Ici réunis pour la première fois, ces textes témoignent du constant souci de Georges Bataille de « voir » auquel l’art invite, certes, mais auquel Georges Bataille a toujours en toute matière invité, et dont il n’est pas loin de faire une condition supplémentaire de la pensée.CRÉDIT À MORT
« La seule chance est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c’est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l’argent, du marché, de l’État, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s’en emparer, de les améliorer ou de s’en servir. » A. JappeCRYPTES DE DERRIDA
Ni réfutation polémique, ni commentaire mimétique, le présent essai de Jacob Rogozinski se propose de tracer dans l’œuvre de Jacques Derrida une ligne de partage entre ce qui se laisse déconstruire et ce qui reste. De découvrir la part indéconstructible de la déconstruction, les « cryptes » de Derrida : ses points de résistance, les impensés de sa pensée.DE LEROS À LA BORDE
De Leros, île grecque abritant un établissement asilaire d’un autre âge qu’il est invité à visiter en 1989, à La Borde, clinique expérimentale où il a rejoint Jean Oury en 1955 et où il travaillera jusqu’à sa mort (en 1992), Félix Guattari établit ici le bilan de ses années d’activité clinique et théorique.
Dans ce recueil dont Félix Guattari avait lui-même défini le contenu peu de temps avant sa disparition, il en appelle à une pratique de la cure psychiatrique dans des institutions qui sauraient renouveler leurs instruments et faire preuve, vis-à-vis de leurs patients, d’une créativité comparable à celle de l’artiste. Renouvellement qu’il souhaiterait voir étendu à d’autres secteurs de la société.
DE L’EXCEPTION À LA RÈGLE : USA PATRIOT ACT
USA PATRIOT Act : « Unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils nécessaires à l’interception et à l’obstruction du terrorisme ». Prenant prétexte de la situation exceptionnelle résultant des attentats du 11 Septembre, ce « décret » provoque aux États-Unis une situation de censure de fait.
DE QUOI SARKOZY EST-IL LE NOM ?
Les détracteurs du « gouvernement Sarkozy » devront s’y résoudre : ce n’est pas plus dans l’examen de la personnalité de son « chef » que dans le compte des ralliements qu’il suscite qu’ils trouveront le moyen d’en précipiter la chute.Le philosophe Alain Badiou pose que, face à la brutalité (historiquement inscrite et idéologiquement fondée) des lois actuelles, la gauche ne peut qu’assumer à son tour l’héritage de ses valeurs essentielles, celles que le gouvernement et ses amis se plaisent à désigner comme obsolètes, irresponsables, ou même dangereuses. Ce n’est qu’ainsi qu’une véritable politique d’émancipation pourra à nouveau émerger.
DIALOGUE
Analyse de Jean-François BertInédit. Deux philosophes que tout semble séparer (l’âge, l’histoire, l’engagement) dialoguent. Raymond Aron vient de faire paraître Les Étapes de la pensée sociologique. C’est sur ce livre que devait porter l’entretien ici retranscrit pour la première fois. Or, c’est au contraire autour de celui que Michel Foucault vient de publier, Les Mots et les Choses, que s’organise la conversation.
DISCUSSION SUR LE PÉCHÉ
Texte intégral de la conférence prononcée le 5 mars 1944 par Georges Bataille, et de la célèbre « discussion » qui a suivi. Étaient notamment présents, à l’invitation de Marcel Moré : Arthur Adamov, Maurice Blanchot, Pierre Burgelin, Simone de Beauvoir, Albert Camus, Jean Daniélou, Dominique Dubarle, Maurice de Gandillac, Jean Hyppolite, Pierre Klossowski, Michel Leiris, Jacques Madaule, Gabriel Marcel, Louis Massignon, Maurice Merleau-Ponty, Jean Paulhan, Pierre Prévost, Jean-Paul Sartre...D’APRÈS UNE IMAGE DE DAESH
Les attentats, les assassinats de masses suscitent l’effroi et l’indignation, d’abord. Mais qu’entraînent-ils pour la pensée ? Partant des « images » de cette guerre, et s’appuyant sur Kleist et Bataille, Juan Branco se livre ici à une brève et dense méditation sur les régimes de représentation de la violence et de la mort dans des systèmes politiques qui croyaient s’en être débarrassés.ÉCRITS POUR L’ANTI-ŒDIPE
Durant trois années, Gilles Deleuze et Félix Guattari ont travaillé ensemble pour concevoir l’un des livres phares des années 1970 : L’Anti-Œdipe (Minuit, 1972). Sur les modalités de cette association inédite, que Gilles Deleuze qualifiera plus tard de « groupuscule », les présents Écrits apportent un éclairage décisif. Sont ici réunis – dans un agencement et une présentation de Stéphane Nadaud – les textes, fragments, notes et corrections de Félix Guattari relatifs à la préparation de L’Anti-Œdipe. Ils permettent de comprendre, de l’intérieur, le fonctionnement de « Deleuze-Guattari », cette extraordinaire machinerie théorique collective.ÉDITION, L’ENVERS DU DÉCOR
Contrairement à l’idée toujours répandue, l’édition n’est plus une activité artisanale concentrée dans le Quartier Latin. Martine Prosper, secrétaire générale du Syndicat national Livre-Édition CFDT, décrit une situation bien plus diverse et contrastée, où, sous couvert de « prestige du métier », des pratiques sociales d’un autre temps se donnent libre cours .ÉLOGE DE LA DÉMOTIVATION
Que le travail nous soit présenté comme une « valeur » (morale), alors même que sa valeur véritable n’a jamais été aussi faible relève de l’artifice grossier. À l’heure ou le capital global semble être venu à bout de tous les obstacles extérieurs qui l’entravaient encore, c’est un facteur interne qui vient le menacer : la désaffection croissante de ses « ressources humaines ». Si le développement du capitalisme a pour condition primordiale la motivation de ses « agents », alors, pour les adversaires de ce développement, la démotivation est une étape nécessaire.ENTRETIEN PLATONICIEN
Un dialogue entre le philosophe platonicien et une jeune docteur en philosophie, où sont abordées les thématiques chères à l’auteur des livres de la série « Circonstances » (Lignes) et d’une nouvelle traduction récente de « La République de Platon » (Fayard). Cet échange fait apparaître une problématique commune, celle de la recherche des « noms » possibles, actuels et futurs, nécessaires à un usage résolument politique de la philosophie.ESCLAVAGE RÉPARATION
La question politique va se poser intensément des réparations dues au titre du crime de la traite négrière. Début 2015. Louis Sala-Molins , l’éditeur du Code Noir (12 éditions), prend parti en présentant les livres de colère de deux Capucins de la fin du dix-septième siècle, qui exigeaient non seulement la cessation immédiate de cette infamie, mais, déjà, des réparations sans condition.FAITES LES FÊTES
« Les fêtes appartiennent à ceux qui les font ». Dans ce récit, qui est aussi une méditation sur le devenir et la nécessité des « fêtes », en ces temps de crise, Francis Marmande fait référence aux « fêtes » de sa ville d’origine, Bayonne, dont 2012 marquera le 80e anniversaire.
« Les fêtes de Bayonne m’ont maintenu en vie. J’y vais toujours. Je réduis les nuits, les consommations, les drôleries, mais j’y vais. Les fêtes vous font aussi. Vous ne faites que ce qu’elles vous laissent faire selon votre ardeur à vous. »