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lettre d'information

couverture de LE CORPS GLORIEUX DE LA TOP-MODÈLE
128 pages - 14,00 €
Éditions Lignes

LE CORPS GLORIEUX DE LA TOP-MODÈLE

La mode a fait de l’inauthentique l’espace de ses expérimentations. Lorsqu’ils véhiculent les codes de la frivolité, créateurs et top-modèles le font en conscience, et se posent en sujets d’énonciation à part entière. L’examen du « phénomène de mode » fait apparaître la relation étroite qu’il entretient avec les motifs fondamentaux de la représentation occidentale : un platonisme « hétérodoxe » et une « inversion paradoxale de l’incarnation », entendue en son sens religieux.

Il n’y a pas d’objet qui ne se retourne sur son questionneur. Par cette volte-face, il révèle que, sous son étiquetage en catégorie d’objet, il dispose d’une puissance subjective. Ainsi en est-il de la mode. Quand la philosophie s’empare de phénomènes contemporains tels que la mode, le rock, les jeux vidéos, le porno, elle encourt le danger de devenir une sorte de pensée appliquée à des matériaux qui lui sont hétérogènes et de faire de ce sur quoi elle se penche un objet d’investigation qu’elle arraisonne sous ses schèmes. Ne pas limiter la mode à ce qu’elle donne à réfléchir, à conceptualiser à la philosophie revient à la questionner à partir de la façon dont elle se met en place et opère : activant des invariants symboliques qui nous interrogent en retour, la mode et plus spécifiquement les top-modèles redessinent le champ des pratiques sociales et des pensées.

Recueillir les énoncés que la mode produit, les croiser avec une mise en perspective philo­sophique, c’est garder à l’esprit qu’elle se pose à part entière comme sujet d’énonciation. Cette optique implique que la prégnance, la diffusion de la mode dans le tout du social, sa récente montée en puissance importe moins que ce qu’elle met en jeu au niveau de la pensée. D’autres ont montré combien elle est devenue une clé de voûte des sociétés contemporaines, comment ses principes organisateurs (le changement, l’éphémère, la séduction, le simulacre) régissent la vie collective moderne.

Est acté le fait que la mode n’est plus confinée dans la sphère de la parure, du stylisme mais qu’elle dicte une manière d’être au monde. Sa position de plaque tournante en tant que matrice du social a été reconnue et abondamment étudiée. Résultat ou revers, ombre portée de cette approche, les enjeux de pensée qu’elle performe et donne à voir ont été soit déniés, forclos, soit dédaignés et passés sous silence. Dégager en quoi elle rejoue, déplace, subvertit des schèmes fondateurs, c’est prendre acte des modalités par laquelle la pensée habite cet espace « fashion » qu’elle a trop longtemps pourfendu sous l’accusation de superficialité. Depuis Paul Valéry et sa réactivation deleuzienne, l’on sait désormais que « le plus profond, c’est la peau », ou, comme l’écrivait Hoffmansthal, qu’« il faut dissimuler la profondeur. Où ? À la surface ». Dans un croisé des feux, la mode irradie les topoï conceptuels qui sont les siens tandis que la philosophie s’y éclaire par ce détour. Sous la forme d’un paradoxe, un dispositif qui ne vit qu’à se déclasser – la mode étant cela même qui ne cesse de se démoder – gagne à se voir abordé sous l’angle de ses opérateurs transhistoriques, de ses invariants.

Article de Robert Maggiori à propos du Corps Glorieux de la top-modèle, de Véronique Bergen (Libération, le 13 juin 2013)
Article paru dans Le Soir (Belgique) le 22 juin 2013

Article de Julie Luong dans Le Soir (septembre 2014).

Article de Sophie Chassat dans le supplément Styles du Monde (octobre 2014).

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Éditeur : Éditions Lignes
Prix : 14,00 €
Nombre de pages : 128 pages
Édition courante : 16 mai 2013
ISBN : 978-2-35526-122-0
EAN : 9782355261220