couverture de LA SOUVERAINETÉ
292 pages - 17,00 €
Éditions Lignes

LA SOUVERAINETÉ

Pour la première fois en édition séparée, ce livre essentiel de Georges Bataille, écrit au début des années 1950. De tous les essais de Bataille, La Souveraineté est peut-être en effet le plus « fou ». Son objet, pour autant que le titre l’indiquerait sans réserve, serait qu’enfin l’homme soit rendu à sa libre et illimitée souveraineté.

C’est encore aujourd’hui un sujet d’étonnement : quelques-uns des plus importants des essais que Bataille a écrits après la guerre n’ont pas paru de son vivant. Soit qu’il ait renoncé à les achever ; soit qu’ils les aient achevés et qu’il ait renoncé à les publier. C’est le cas de Théorie de la religion, de Histoire de l’érotisme, de La Limite de l’utile ; ce l’est enfin de La Souveraineté. Il faut certes compter avec le fait qu’Histoire de l’érotisme sera repris, refondu dans L’Érotisme (on pourrait en ce cas parler de repentir). Mais comment expliquer que des livres achevés, comme Théorie de la religion n’ait vu le jour qu’onze ans après sa mort ; et des livres presque achevés, comme La Souveraineté, jamais, jusqu’à ce que les Éditions Gallimard le réunissent aux Œuvres complètes (tome VIII), en 1976 et jamais séparément, jusqu’à cette édition ?

Comment l’expliquer quand Bataille l’a lui-même, à plusieurs reprises, tenu pour l’un des trois tomes constitutifs de la série La Part maudite, dont ont paru La Consumation (t. I) et L’Érotisme (t. II) ? La maladie a pu être déterminante, mais pas seulement. Il faut sans doute aussi faire avec le caractère extrêmement sombre de ce livre, le plus sombre sans doute de ses essais, c’est-à-dire le plus « personnel », celui avec lequel il aurait poussé le plus loin le mélange de la pensée et de l’expérience, celui qui lui a fait dire, dans La Part maudite justement : « Je ne suis pas un philosophe, mais un saint, peut-être un fou », phrase où il faut entendre qu’il se montre résolu à faire, en retour, de la philosophie une folie, qui sait une sainteté.

Le livre
De tous les essais de Bataille, La Souveraineté est peut-être en effet le plus « fou ». Son objet, pour autant que le titre l’indiquerait sans réserve, serait qu’enfin l’homme soit rendu à sa libre et illimitée souveraineté. Objet et enjeux nietzschéens. Souverain sera l’homme moderne qui découvrira quels archaïsmes sont les siens (archaïsme, pour Bataille, est un mot affirmatif) qu’ont un à un aliénés ses espérances. L’homme souverain serait celui d’avant l’invention de Dieu (l’homme archaïque) ou d’après l’annonce de sa mort (l’homme moderne). Mais il ne suffit pas de désaliéner l’homme de Dieu ; il faut encore le désaliéner de ce qui l’a justifié à l’inventer. Voulant désaliéner l’homme de Dieu et de ce qui l’a justifié à l’inventer, Bataille entreprend de le désaliéner du temps. Stupéfiante invention que celle du temps, au sens où Bataille l’entend. Le temps comme réalisation des promesses d’un but ou d’une fin. Temps, en somme, de l’attente de leur réalisation. Le travail relève de cette promesse. La religion aussi (l’un comme l’autre relèvent du monde profane). Ce sont autant d’ensorcellements. Dont il entreprend de débarrasser l’homme, pour le rendre à sa nature originairement sacrée. Et il se livre pour cela à une inattendue et terrifiante méditation fascinée sur l’instant où se réduisent à rien tous les temps de l’attente – sur l’instant de la mort : « Ne pouvons-nous dire de la mort qu’en elle, en un sens, nous décelons l’analogue négatif d’un miracle… » Seul instant où nous soyons rejetés hors de l’asservissante attente des fins et de la réalisation de leurs promesses. Anti-téléologie par excellence, tenue comme le seul moyen d’atteindre à Rien, d’être Rien.

Partager sur  
Éditeur : Éditions Lignes
Prix : 17,00 €
Format : 13 x 19 cm
Nombre de pages : 292 pages
Édition courante : 13 avril 2012
ISBN : 978-2-35526-099-5
EAN : 9782355260995