couverture de LE GUIDE DU DÉMOCRATE
128 pages - 13,00 €
Éditions Lignes

LE GUIDE DU DÉMOCRATE

Les clés pour gérer une vie sans projet

Ou comment les idées reçues, dans nos sociétés « les plus avancées sur le plan de la marchandisation et de la mondialisation des échanges et des informations », forment la matière d’un langage où se donnent d’abord à voir la misère conceptuelle du démocrate, ses interrogations creuses et sa bonne volonté dénuée d’emploi. Cet essai facétieux engage la critique du démocrate contemporain par le moyen même de la langue dont il fait usage.

LE GUIDE DU DÉMOCRATE, d’Éric Arlix et Jean-Charles Massera, dans mise en scène par Simon Délétang sera représenté à partir du 29 janvier à la Comédie de Reims.

Le Guide du démocrate est un ouvrage sur la démocratie vue par ceux et celles qui la vivent. Bienvenue dans une époque de l’indice, du sondage et des prévisions comme représentations ultimes, du caddy malin, du lavage de cerveau rigolo, de l’émotion sur commande, de la pulsion en promo partout, des projets personnalisés comme cadre, du coaching pour pas trop sombrer quand on commence à être largué et d’un marché de l’emploi soumis à des flux super-tendus et super-brutaux comme ambiance, le tout dans la terreur de faire partie de la vague de septembre :

« Par exemple, s’organiser pour faire vivre un agriculteur de sa production et dans le même temps nourrir des quartiers entiers (oui c’est possible) avec une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes et issue de l’agriculture biologique, c’est une super idée et plein de gens commencent à s’abonner aux paniers proposés par les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), mais dans leur immense majorité (eh oui) les démocrates pensent qu’ouvrir un sachet c’est facile mais que laver-éplucher-couper-cuire des légumes c’est pénible. En fait, et c’est bien déprimant, mais le démocrate préfère les chips ou le sachet de pâtes à passer au micro-ondes avec la sauce lyophilisé qui va avec plutôt qu’une soupe de patates douces au gingembre à qui prend 5 minutes à cuisiner. Dommage. »

« On peut être très stressé et avoir la tête sur les épaules, aimer la clim de son monospace et avoir conscience qu’en transpirant dans les transports en commun non-climatisés on pollue moins, aimer arriver au bureau frais comme si on sortait de la douche, mais aussi vouloir être à l’heure pour le premier rendez-vous de la journée. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter par le co-voiturage avec des personnes sympas qui roulent dans des modèles récents ? Certes, ça peut être dur, surtout si vous écoutez habituellement BBC World Service, Nostalgie ou NRJ et que votre co-voitureur est un accro de Rire & Chansons, mais être démocrate, c’est aussi savoir être souple, s’adapter facilement, tolérer chez les autres ce qu’on ne supporterait ni chez soi ni parmi ses proches et surtout savoir redéfinir en permanence ses critères d’évaluation de l’Autre. 

Mais la solution séduisante du partage des frais et de la réduction de la production de CO2 demeure relativement expérimentale [Attends, la boîte nous a pas encore tous parqués dans l’même bled, donc le co-voiturage excuse-moi, mais... !]. Du coup, pour se rendre au travail, le démocrate est souvent obligé de passer plusieurs heures par jour dans les transports massifiés [Et l’9h12 qui est encore en retard... Font chier !]. Face au taux de pénibilité imposé par des sociétés de transport de moins en moins adaptées aux besoins des zones d’activité économique à forte concentration de population, le démocrate a le choix entre trois grandes familles d’activités : jouer/réfléchir (Sudoku), lire (gros pavés vus à la télé), écouter ses mp3. En s’arrachant les cheveux sur une grille de Sudoku (à peu près 6 milliards de grilles possibles) le démocrate échappe temporairement à sa condition de transporté pour devenir un as de la logique sans conséquence, en lisant son gros pavé vu à la télé le démocrate configure sa sensibilité tout en renforçant la position des géants de la culture industrielle sur le marché de l’imaginaire, en écoutant des mp3 il se coupe de toute possibilité de construction d’un en-commun et transforme passagers, banquettes, stations et autres éléments de cet environnement soudain méprisé en simple fond visuel. »

Éric Arlix est écrivain et directeur des éditions è(r)e. Il a notamment publié Le monde Jou, Verticales, 2005 ; Programme, MacVal, 2010.

Jean-Charles Massera est l’auteur de nombreux textes de littérature, d’essais et de textes de théâtre, dont : A cauchemar is born, Verticales, 2007 ; We are L’Europe, Verticales, 2009.

 Recension par Blandine Barreau sur Nonfiction.fr.

 Recension par Jacques-Marie Bourget sur Bakchich.info.

 Recension par Jean-Laurent Cassely sur Slate.

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Éditeur : Éditions Lignes
Prix : 13,00 €
Format : 11 x 18 cm
Nombre de pages : 128 pages
Édition courante : 16 avril 2010
ISBN : 978-2-35526-048-3
EAN : 9782355260483