Hannah Arendt, Siegfried Kracauer, Walter Benjamin, Hermann Broch, Theodor W. Adorno… Ces grands penseurs judéo-allemands ont pour point commun d’avoir dû fuir leur pays après l’accession au pouvoir de Hitler en 1933.
Dès lors, c’est seuls, errants, étrangers, apatrides, que ceux qui ont survécu à cette fuite ont produit quelques-unes de leurs œuvres majeures. Quelle influence l’exil a-t-il eue sur celles-ci, quelle place leur pensée a-t-elle prise dans leur pays d’accueil ?
Enzo Traverso traite de cette rupture tragique au travers de leurs œuvres d’exil et des correspondances échangées avec les amis éloignés. Œuvres et correspondances où les questions de la non-appartenance nationale et du « monde perdu » sont abordées en tant que questions non pas seulement existentielles, mais surtout intellectuelles
Publié une première fois en 2004, La Pensée dispersée reparaît ici considérablement augmenté de deux textes, pour l’un sur Kracauer, pour l’autre sur Adorno ; et d’une étude détaillée sur l’exil des intellectuels juifs italiens.
Enzo Traverso, spécialiste de la philosophie juive allemande, du nazisme et de l’antisémitisme, auxquels sont consacrés la plupart de ses livres, enseigne à Cornell University (New York). Il est, entre autres, l’auteur de Siegfried Kracauer, Itinéraire d’un intellectuel nomade, La Découverte, 1994 ; rééd. 2006 ; L’Histoire déchirée. Essai sur Auschwitz et les intellectuels, éditions du Cerf, 1997 ; La Violence nazie. Une généalogie européenne, La Fabrique, 2002 ; À feu et à sang. De la guerre civile européenne 1914-1945, éditions Stock, 2007 : La Fin de la modernité juive. Histoire d’un tournant conservateur, La Découverte, 2013 ; Mélancolie de gauche : La force d’une tradition cachée (XIXe-XXe siècle), La Découverte, 2016. Il est, entre autres revues, membre du comité de Lignes.
Table
Avant-Propos (à l’édition de 2004)
Avant-Propos (à l’édition de 2019)
I. Bohème, Exil et révolution
Notes sur Marx et Benjamin
II. L’Europe sans patrie
Joseph Roth
III. Adorno et Benjamin
Une correspondance à minuit dans le siècle
IV. Adorno et les antinomies
de l’industrie culturelle
V. Hannah Arendt épistolière
VI. Sous le signe de l’exterritorialité
Kracauer et la modernité juive
VII. Le cabiner du docteur Kracauer
VIII. L’exil des juifs italiens
Dans la presse :
« Chaque page de ce superbe livre pétille d’intelligence, érudition et sensibilité se mariant pour rendre compte d’un exil judéo-allemand qui ne fut, écrit Traverso, "qu’une page de l’histoire sans fin de la misère du monde". » Dominique Vidal, Le Monde Diplomatique
« Autre cosmopolitisme donc : forcé, souvent dans l’effroi et le dénuement mais autre mondialisation aussi, celle de l’esprit, que veut décrire Enzo Traverso : celle qui naît d’un regard décalé, d’une " vie mutilée " (Adorno, voir Lmda n°50), celle du permanent étranger, de l’outsider que la pensée philosophique, jadis, utilisait déjà (Montesquieu et ses Persans, Voltaire et son Ingénu). C’est de cette clairvoyance contre mais aussi à partir des périls, de cette volonté de résistance spirituelle que témoignent les cinq essais ici recueillis ».Thierry Cecille, Le Matricule des Anges