Deleuze et Guattari étaient des lecteurs sans pareils. C’est la raison pour laquelle Alain Jugnon les lit dans ce livre ; plus précisément, il lit avec eux Artaud et Kafka, Lacan et Klossowski, Büchner et Nietzsche. N’ont-ils pas assez lu Lautréamont ; il les lit pour eux, comme eux l’auraient lu, l’ajoutant à leurs lectures, avec les outils qu’ils ont créés pour lire. Nul mieux qu’Alain Jugnon n’articule les lectures nécessaires à la défaite de ce monde-ci et au surgissement d’un monde transformé :
« Deleuze et Guattari ont commencé à dire dans leur livre premier, L’Anti-Œdipe : il n’y a plus de dialectique à penser ou bien d’histoires à raconter, mais il y aura des machines capitalistes et des machines désirantes, des guerres des sexes et des guerres des races, des combats de rue et des révolutions de palais, il y aura tout ça et plus encore, qui fera une bible humaine à revendre ou bien une philosophie populaire à inventer pour demain. » (A. J.)