La Sociologie sacrée du monde contemporain est un court texte d’un intérêt considérable. De par sa date : Georges Bataille l’a prononcé peu avant les accords de Munich et la guerre, le 2 avril 1938. De par son contexte : il l’a prononcé dans le cadre du cycle de conférences du Collège de sociologie, créé par Michel Leiris, Roger Caillois et lui-même. Les activités de ce Collège – tout sauf académique – ont connu elles-mêmes, après coup, un retentissement important. Non sans raison : c’est dans le cadre de celui-ci que s’est sans doute pensée avec la plus grande acuité la gravité de la situation mondiale. Et c’est cette gravité que, par des détours qui lui sont familiers, Bataille pense dans cette conférence inédite.

Il y a trente ans sûrement, vingt-cinq peut-être, le nom de Georges Bataille était à peu près inconnu. Et il n’était pas rare, si vous évoquiez le nom de Bataille auprès d’un libraire, que celui-ci vous sortît des livres d’Henri Bataille, et non de Georges. L’histoire littéraire est friande de ces retournements, qui sont aussi des réparations : Henri Bataille est maintenant tombé dans l’oubli et Georges Bataille est désormais célèbre dans le monde entier.
Douze volumes d’Œuvres complètes (Gallimard) ont certes permis que cette célébrité s’établisse et que nul ne doute plus qu’il compte parmi les écrivains-philosophes français majeurs du XXe siècle. La sortie en novembre du premier volume de la Pléiade consacrera en quelque sorte cette évidence.
Tout n’était-il pas déjà publié dans ces Œuvres complètes ? On pouvait le penser. Tout ne l’était pas, cependant. Ainsi de cette conférence que reproduit ce court volume qui était considérée comme perdue, à l’exception des seules premières pages. Enfin retrouvée, nous la publions intégralement, sous le titre que Bataille lui avait lui-même donné, assortie de la présentation de Simonetta Falasca Zamponi, son « découvreur ».

Dans la presse :

« En 2005, où la philosophie semble s’être bornée aux traités d’athéologie et autres principes d’ingouvernabilité, la prose de Bataille peut encore impressionner. Ardente et froide, mêlant rigueur et cérémonie, elle élève constamment l’analyse à la hauteur du mythe. »
Le Matricule des Anges